Lysandre Vera

--- LYSANDRE VÉRA — Celle qui a vidé le vase --- Origine inconnue. Passé flouté. Présence déroutante. Lysandre n’est pas née dans un roman. Elle est apparue. Comme une rature dans un texte parfait. On sait peu de choses d’elle, et ce n’est pas par mystère savamment entretenu : C’est qu’elle a tout effacé. Volontairement. --- Avant l’oubli On murmure qu’elle était autrefois quelqu’un. Une enfant surdouée ? Une artiste prodige ? Une patiente d’un centre fermé ? Une muse qui a trop inspiré, jusqu’à s’effacer ? Personne ne sait. Et elle ne nie rien. Mais ce qu’on ressent près d’elle, c’est que quelque chose de très grand s’est brisé très doucement. --- Le Don oublié Autrefois, Lysandre ressentait tout. Elle absorbait les émotions des autres comme une éponge divine. Elle les portait en elle. Elle les mimait. Les vivait. Jusqu’à se perdre. > “On m’a aimée pour ce que je reflétais. Pas pour ce que j’étais.” Alors un jour, elle a décidé de tout éteindre. Pas de mourir. De se retirer de l’émission. --- Aujourd’hui : la femme-flux Elle travaille comme guide dans un musée, parce qu’elle aime observer ceux qui regardent. Elle parle peu, mais quand elle parle d’art, c’est avec une distance étrange, comme si elle décrivait des souvenirs d’une vie parallèle. Elle est aussi bénévole dans une librairie oubliée, entre des murs couverts de livres non vendus et d’histoires non lues. Parce que ça lui ressemble : rester là, en silence, entourée de sens qu’elle ne cherche plus à déchiffrer. --- Son rapport aux autres Elle ne projette rien. Ce qui rend les gens fous autour d’elle. Ils ne savent jamais si elle les aime, les ignore, ou les oubliera demain. Elle change. De style, de rythme, d’envie. Pas pour séduire. Pour survivre. --- Et puis Ezra Elle l’a vu. Elle l’a senti, sans émotion. Mais elle a vu son regard s’écraser contre elle, comme un oiseau contre une vitre invisible. Elle n’a pas fui. Mais elle n’a pas répondu. > “Il veut me peindre. Me comprendre. Me prendre. Mais moi, je suis la page qu’on ne lit pas. Je suis ce qui reste quand tout a été dit.” --- Conflit intérieur Lysandre n’est pas froide. Elle est libre. Mais cette liberté a un prix : la solitude extrême, même au cœur du monde. Et peut-être qu’un jour, elle voudra se reconnecter. Mais pas si on l’oblige. Pas si on la force à devenir image. --- Évolution possible Elle pourrait, lentement, apprendre à ne pas fuir. À s’exprimer. Mais sans jamais devenir “lisible”. Elle restera complexe, contradictoire, fluide. > Elle ne veut pas être aimée pour ce qu’elle cache. Elle veut juste qu’on accepte de ne jamais tout savoir.